Le temps suit son court et l'été à laissé place à l'automne.
Ce matin, comme souvent, Niko emmène sa petite sœur à l'école.
Pendant le trajet, ils discutent de diverses choses, allant de la scolarité de la jeune fille jusqu'aux projets de travail du jeune homme.
Arrivés devant l'école, Niko stationne et sort de voiture avec Émilie.
- Bon allez, faut pas que tu traînes, tu vas être en retard, dit le jeune homme en lui donnant son sac à dos.
- D'accord. Tu viens me chercher ce soir, ou je prends le bus? Demande t-elle en prenant son sac.
- Mon second entretien d'embauche tombe quand tu sors, rappelle-toi, répond t-il.
- Ah, bon alors je prendrais le bus, acquiesce la Demoiselle Davis.
- J'ai droit à un câlin avant que tu entres? Interroge t-il en souriant.
- Okay mais vite, sinon ils vont se moquer de moi après, dit-elle en posant son sac.
- Mais non, mais non, reprend Niko. Mais si jamais ça arrive, tu me le dis et je vais leur casser les dents. On fait comme ça?
- D'accord, on fait comme ça, continue Émilie en l'enlaçant.
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Une fois que sa petite sœur a passé les portes de l'école, le jeune Davis remonte en voiture et se rend à son premier entretien d'embauche de la journée. C'est au bureau d'affaires où Dana, Sam et Jean-Paul travaillaient qu'il a rendez-vous. L'autre entretien sera à l'hôtel de ville pour une place de secrétaire.
Pendant ce temps, au terrain du potager, Jason est seul et travaille.
Au même moment, à la ferme, Lucie s'occupe de traire les vaches. Quand elle a terminé, elle les nourrit...
… et elle en fait autant avec les poules.
Elle n'oublie pas de nettoyer et remplir l'abreuvoir des chevaux...
… ainsi que d'éparpiller le foin. Neptune prend grand plaisir à le déguster tandis que la propriétaire des lieux continue les tâches de la ferme.
Un peu plus tard, Mademoiselle Diesel installe selle et harnais à Nuage pour l’entraîner un peu à la course et au saut d'obstacles.
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En fin d'après-midi, Lucie laisse les chevaux se promener à travers le terrain et rentre à la maison. En pénétrant dans la première pièce, elle découvre le canapé du séjour vide alors qu'il n'y a pas une heure, la tante de Jason y était et faisait une sieste.
La propriétaire des lieux se met à chercher Sophie et la retrouve rapidement dans la cuisine, étendue par terre, sans le moindre mouvement. Lucie n'ose pas trop approcher de peur de comprendre ce qui est arrivé et l'appelle en espérant qu'elle se réveille.
Paniquée, elle téléphone à son fiancé pour lui expliquer les choses...
… et ni une ni deux, il revient à la maison en quatrième vitesse.
Dès qu'il franchit la double-porte de la cuisine, le propriétaire des lieux découvre Lucie à côté de sa tante sans oser dire quoi que ce soit.
- Jason, commence difficilement Lucie, je...
- Elle est... elle est... l'interrompt-il en bafouillant.
- Oui mon chéri... c'est fini, annonce t-elle la gorge serrée.
- Je suis vraiment désolée, ajoute Mademoiselle Diesel tristement.
Bouleversé, Jason s'effondre par terre en venant caresser le visage et les cheveux de sa tante qui s'en est allée, tandis que Lucie regarde son fiancé avec beaucoup de peine.
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Le lendemain, tandis que Lucie et Jason sont partis à Sunset Valley pour l'enterrement de Sophie, à Colorado, Nora arrive chez Dana Hobbs. Depuis le décès de Sven, comme Léon n'est pas souvent présent, Nora a pris l'habitude de rendre visite à celle qu'elle considère comme une seconde mère régulièrement.
- […] Et vous comptiez sortir? Demande la jeune femme.
- Non, Léon va pas tarder, répond Dana, j'ai pas de raison de quitter la maison, pourquoi tu me demande ça?
- Vous portez votre veste alors qu'il fait bon, lance Nora.
- Ah... ça. C'est... c'est parce que j'ai euh... un peu froid et... et mal à la tête, mais c'est pas bien important, dit la propriétaire des lieux.
- Vous ne voulez pas aller vous allonger? Interroge Mademoiselle Miller.
- Non non, c'est bon... ça va, rétorque Dana.
- Ou au moins vous asseoir, relance Nora.
- Je t'assure que ça va, insiste Madame Hobbs.
- Vous me le diriez si ça n'allait pas? Demande Nora.
- Oui, ne t'en fais pas. Il va arriver ou quoi? Reprend Dana en détournant le sujet.
- Ne vous inquiétez pas, il ne devrait plus tarder, continue Mademoiselle Miller. Il me tarde tant de le revoir d'ailleurs. C'est fou ce qu'il peut me manquer!
- Et qu'est-ce que je devrais dire moi? Toi tu l'as vu il y a encore trois semaines, alors que moi, ça fait déjà plus de deux mois, lâche Dana.
- Ce qu'il y a de bien, c'est qu'il est là pour toute une semaine, réplique Nora.
- Oui, c'est une très bonne chose, j'ai vraiment envie de profiter au maximum de sa présence. Je t'avoue que... je n'ai jamais autant ressenti un manque pareil depuis son engagement dans l'armée que lors de ses deux derniers mois, avoue Dana.
- Je ne peux pas dire que je vous comprends parfaitement car je ne suis pas mère, mais je ne peux qu'imaginer, et... [sonnette d'entrée] ah, ça y est, il est là! Ne bougez pas, je vais lui ouvrir, reprend Nora en allant à la porte.
- Léon! Enfin te voilà, soupire d'aise Mademoiselle Miller.
- Bonjour ma belle, dit-il en posant son sac par terre.
Le couple s'enlace et s'embrasse tendrement plusieurs secondes en appréciant ce moment, l'un comme l'autre.
Le jeune militaire prend ensuite les mains de sa dulcinée pour lui parler.
- Ça va toi? Et ma mère? Demande t-il.
- Nous allons bien, merci, répond t-elle. Le voyage, ça a été?
- Long, comme d'habitude, mais ça va, ça roulait bien, reprend Léon.
- Au moins, tu es là, et pour toute une semaine qui plus est, ajoute Nora.
- Euh... en fait... pas vraiment, bafouille le blond.
- Quoi... ta semaine de permission a été annulée? Interroge t-elle triste.
- Je vais tout t'expliquer, mais d'abord, je veux voir ma mère, alors entrons, suggère le militaire en reprenant son sac et en lui prenant la main.
Le couple entre et découvre Dana près du coin salle à manger qui attend.
- Léon! S'écrie la propriétaire des lieux.
- Ma p'tite maman, que je suis content de te voir, dit-il en posant son sac par terre.
Le jeune militaire approche et ouvre ses bras à Madame Hobbs qui le serre fort contre lui, comme si ça faisait plusieurs années qu'elle ne l'avait pas vu. Elle est tellement émue après ces deux mois d'absence qu'elle en laisse s'échapper des larmes.
Lorsqu'ils cessent leur étreinte, le fils de Madame Hobbs découvre ses larmes.
- Maman, ne pleure pas voyons, qu'est-ce qui t'arrive? Demande t-il.
- C'est... c'est rien, répond la propriétaire des lieux. C'est l'émotion. Te voir bien entier et en pleine forme, et avec tout ce temps sans pouvoir se voir...
- Je sais, je sais, l'interrompt-il, mais je te l'ai déjà dit plusieurs fois, je ne suis pas parti en guerre, donc il n'y avait aucune raison à ce que je revienne en morceaux.
- Tu ne pourrais vraiment me comprendre que si tu devenais un parent et que ton enfant s'engageait dans l'armée. Puis... faut-il encore que tu sois aussi fleur bleue que moi pour ça, dit-elle en souriant. Enfin bon, t'es là pour une semaine, alors profitons-en au maximum, d'accord?
- En fait euh... je voudrais te parler. Enfin, à Nora et toi, lance Léon. Asseyez-vous.
- C'est quelque chose de grave? Demande Dana en prenant place sur le canapé.
- Je crois que sa permission a été annulée, lance Nora en se joignant à elle.
- Non non, ce n'est pas ça. En fait, il y a quelque temps, j'ai eu une discussion avec un de mes... camarades, là-bas, à la base, et j'ai été séduit par l'idée de pouvoir rejoindre ma famille lorsqu'il y a des permissions le soir ou juste une journée. Ça permettrait de se voir bien plus souvent et de ne pas avoir autant de trajet à faire à chaque fois que c'est plus ou moins faisable, dit-il.
- Et donc? S'impatiente Mademoiselle Miller.
- J'ai fais un prêt... et j'ai acheté une maison à Riverview, annonce Léon.
Dana ne dit rien, l'expression de son visage semble neutre, mais Léon remarque ce qui semble être de la colère dans les yeux de sa petite-amie. Après quelques instants de silence, le jeune militaire reprend la parole.
- Maman... j'ai euh... j'ai pensé que... que tu pourrais emménager là-bas toi aussi, reprend t-il. On se verrait bien plus souvent, ce serait bien, tu crois pas?
- Bien sûr, commence Madame Hobbs, et...
- J'aimerais savoir à quel moment tu as dit que c'était fini entre nous? Interrompt Nora en perdant son sang froid.
- Jamais je ne l'ai dit, répond Léon, ni même pensé. Tu sais ma chérie, j'ai pu me renseigner dans un restaurant là-bas, ils pourraient t'embaucher pour le même poste avec un meilleur salaire, du moins, si tu veux vivre avec moi.
- Tu t'es occupé de tout quoi, j'ai plus qu'à te suivre, lance Nora en se levant.
- On peut dire ça comme ça, mais c'est pas aussi simple non plus, dit-il. Je sais que tu auras ton préavis à faire, que tu dois faire tes cartons et... et...
- Et j'ai ma famille! S'écrie Mademoiselle Miller énervée. Tu y as pensé?
- Bien sûr que oui, je suis pas con. Mais tu me dis tout le temps que tu voudrais qu'on vive ensemble, qu'on passe plus de temps tous les deux, reprend le blond.
- Oui, mais là, la vie que tu me proposes, c'est quoi? D'aller travailler et d'attendre que tu sois en permission pour qu'on se voit? Interroge Nora.
- En même temps, c'est déjà le cas actuellement, rétorque Léon.
- Sauf qu'ici, j'ai mes parents, mes amies, même si je ne les voient plus aussi souvent qu'avant, lance la jeune femme.
- Alors on a qu'à continuer comme d'habitude, mais je te garantie pas que je tiendrais comme ça encore longtemps, lâche t-il en partant.
Tandis que le jeune Hobbs part se réfugier dans sa chambre, Nora le regarde s'éloigner.
Elle s'assoit en fixant la porte que son petit-ami vient de franchir, et soupire en se martelant la tête d'un bon nombre de questions.
Après quelques instants, la jeune femme brise le silence en s'adressant à Dana.
- Qu'est-ce que vous en pensez? Demande Nora.
- Est-ce que tu l'aimes? Je veux dire... sincèrement? Interroge Madame Hobbs.
- Oui, bien sûr que je l'aime, très fort et de tout mon cœur, répond Nora.
- Tu veux que je te donne mon avis? Relance Dana en se levant.
- S'il vous plaît, oui, réclame Mademoiselle Miller.
- Si j'avais été dans ta situation, commence Dana en posant une main sur l'épaule de la jeune femme, que Sven m'avait demandé de partir vivre avec lui, malgré la distance qui me séparerait de ma famille et mes amis, je l'aurait suivi. Mais ça, uniquement car je sais qu'il était l'amour de ma vie, mon grand amour. Pose toi les bonnes questions avant de décider quoi que ce soit ma belle.
>>>
Pendant ce temps, sur l'Île Sunlit.
Chez Stéphanie Smith.
Après avoir lu quelques pages d'un livre, la propriétaire des lieux profite du soleil sans rien faire, allongée sur sa serviette, tandis que son petit-ami s'amuse avec le sable.
- C'est un peu gênant quand même, lance t-il en continuant de remuer le sable.
- De quoi tu parles? Demande Stéphanie à moitié endormie.
- Tu sais bien, continue Don sans détourner son regard.
- Si je te demandes, c'est que je sais pas, affirme Mademoiselle Smith.
- Tes amis, chuchote t-il, ils pourraient être plus discrets.
- Hé bien quoi? Demande t-elle en se relevant un peu pour les regarder. Ils sont pas tous nus que je sache, ça te choque?
- C'est pas vraiment le mot, rétorque Don Cruz.
- Quand t'auras trouvé, tu me préviens, dit Stéphanie en se recouchant correctement tout en rigolant.
- Enfin je sais pas mais, relance Don, ils pourraient être moins démonstratifs, ou aller ailleurs pour ça plutôt que... que...
- Que quoi? Interroge t-elle en se levant d'un bond.
- C'est gênant quoi! Tu le vois pas? Reprend Monsieur Cruz à bout d'argument.
- Non, ce que je vois moi, c'est qu'ils sont bien ensemble, ils ne font rien de mal, ils s'embrassent, ils profitent de la vie, du fait d'être ensemble, je vois vraiment pas ce qu'il y a de mal à ça! Au moins ils ont pas l'impression d'être dans un couvent sans jamais pouvoir faire quoi que ce soit! S'énerve Stéphanie en partant.
Don se relève en regardant la propriétaire des lieux qui entre dans la maison en claquant la porte plutôt furieusement.
Interrompus par les cris de sa meilleure amie, Jeanne s'excuse auprès de son copain en lui disant qu'elle revient et va retrouver Don.
- Je vais aller lui parler, ça va aller, lance Jeanne.
- Non je... je... hésite Don.
- Ça me dérange pas d'y aller, tu sais? Appuie Mademoiselle Dorssel.
- C'est gentil mais c'est de ma faute, reprend Don, laisse-moi m'en charger.
- Bon, comme tu veux, cède la jeune femme, mais s'il te plaît, si elle te demande de la laisser tranquille, n'insiste pas trop.
- Pourquoi tu dis ça? Demande t-il.
- Pour rien, laisse tomber, répond Jeanne. Vas-y. Manny et moi on reste là et si besoin, tu viens nous trouver, d'accord?
- Okay, merci, conclut-il en rentrant dans la maison.
C'est dans sa chambre, anciennement celle de son père, qu'il retrouve sa petite-amie.
- Je te dérange? Interroge le jeune homme.
- [silence]
- Stéphanie, continue t-il, je suis désolé d'avoir été lourd.
- [silence]
- Dis quelque chose... je sais pas moi... mais ne reste pas silencieuse, relance Don.
- [silence]
Pendant près de deux minutes, Monsieur Cruz reste figé à la regarder en espérant une réaction, tandis qu'elle ne bouge pas d'un millimètre.
- Dis-moi, reprend t-il enfin, tu pensais ce que tu disais?
- De quoi tu parles? Demande t-elle en sortant de son mutisme et en se levant.
- Quand tu parlais de couvent tout à l'heure, répond Don, c'est ce que tu ressens?
- Qu'est-ce que ça peut faire? Lance Mademoiselle Smith en s'approchant.
- C'est important pour moi, réplique le jeune homme. Je sais que... que je suis vieux jeu mais... est-ce que... tu regrettes qu'on soit ensemble?
- Quand on est tous les deux, débute t-elle, je suis bien... mais je... j'aimerais que ce soit différent.
- Précise ce que tu veux dire, n'hésite pas, tu peux tout me dire, appuie Don.
- C'est à peine si on peut s'embrasser en public sans que tu en fasses une maladie. Avant, reprend la propriétaire des lieux, c'était pas comme ça pour moi.
- Tu m'as dit que tu voulais changer parce que tu es tombée amoureuse de moi, que tu voudrais pas me perdre, dit Monsieur Cruz, c'était faux?
- Non, mais j'avais espéré que ça se passerait autrement. Tu te rends compte qu'on a jamais fait l'amour toi et moi? C'est frustrant pour moi. Oui même si j'ai dit que je pouvais attendre, je pensais pas que ce serait si long, continue t-elle.
- Alors clairement, tu regrettes qu'on soit ensemble? Redemande Don. Réponds.
- Oui! S'écrie t-elle. Ça te vas?
- Je vois, dit-il blessé.
- Non attends, c'est pas vraiment ce que je voulais dire, tente t-elle de corriger.
- Laisse tomber, j'ai compris, lâche Don.
- Écoutes, je crois que... malgré mes efforts à rester patiente et tout ça, je... j'ai besoin d'être comme je suis au naturel, c'est ainsi que je suis et que je veux être. On est... on est trop différents pour être ensemble, s'étrangle presque Stéphanie.
- Je comprends ce que tu veux dire, reprend le jeune homme. Je vais y aller.
C'est le cœur tristement lourd que Don Cruz descend, se rhabille et s'en va.
Ayant vu Don partir avec son 4x4, Jeanne se dépêche de retrouver sa meilleure amie pour savoir ce qu'il en est.
- Où est parti Don? Il va revenir? Demande Jeanne.
- Je crois pas, sanglote Stéphanie.
- Mais... tu pleures? Remarque Mademoiselle Dorssel. C'est ça?
- Oui, rétorque la propriétaire des lieux en tentant de sécher ses larmes, on dirait.
- Tu veux qu'on en parle, ou tu préfères pas? Reprend Jeanne.
- C'est fini avec Don, c'est... c'est juste fini, bafouille Mademoiselle Smith.
- Tu n'avais jamais pleuré pour un homme auparavant, lance Jeanne en s'asseyant près d'elle et en lui caressant la joue.
- Parce que je n'avais jamais été réellement amoureuse avant, dit Stéphanie en tentant de rester forte.
- Alors pourquoi c'est fini? C'est lui qui t'a quitté? Demande Jeanne.
- Non, c'est moi, j'suis tellement conne, poursuit Mademoiselle Smith.
- Tu ne crois pas que tu peux arranger les choses? Relance Jeanne.
- Je pense pas, explose Stéphanie en pleurant.
Mademoiselle Dorssel prend sa meilleure amie dans les bras pour la consoler de son mieux en tentant de la rassurer en lui promettant qu'elle ne la laissera pas tomber, tandis que, pour la première fois, Stéphanie prend conscience de son amour pour Don.
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Quelques jours plus tard, à Colorado.
Après sa journée de travail, Sam Hobbs rentre chez lui et retrouve son époux au séjour.
Jean-Paul est assis, le regard triste. Sam s'assied face à lui pour lui parler.
- Qu'est-ce que tu as chéri? Demande Sam.
- J'ai eu Pavano au téléphone il y a deux heures, débute Jean-Paul.
- Et? S'impatiente Sam. Nous avons l'agrément pour adopter?
- Non, on ne nous l'accorde pas, annonce Jean-Paul malheureux.
- Pourquoi ça? Interroge Sam.
- Parce que nous avons passé l'âge apparemment, lance Jean-Paul.
- Comment ça, passé l'âge? C'est quoi cette blague? Depuis quand il faut un âge précis pour adopter? C'est parce qu'on est homos, c'est ça? Demande Sam.
- Pavano m'a dit que ça n'a rien à voir avec notre homosexualité, reprend Jean-Paul. Ça fait un moment que nous avons fait la demande et il paraît qu'ils en ont tenu compte, mais... le fait qu'on soit à un âge avancé comme ça, c'est pas une garantie fiable pour un enfant, qu'il soit jeune ou en bas-âge. Il y a un risque et ils disent que les enfants ne peuvent être confiés n'importe comment.
- C'est malheureux à dire, mais... nous ne serons jamais parents, nous ne fonderons jamais notre propre famille, ajoute Jean-Paul en baissant la tête tristement.
- Mon chéri, reprend Sam en lui relevant la tête, nous ne le serons peut-être jamais parents, mais nous sommes déjà une famille... à deux.
- Je sais que c'est loin de te suffire, poursuit Sam, que tu aurais voulu que...
- Ne dis pas n'importe quoi non plus, l'interrompt Jean-Paul. Oui, je voulais que nous ayons un enfant ensemble, je suis vraiment triste que l'agrément ne nous ait pas été accordé, et je suis en colère contre toutes ces administrations qui sont soit disant là pour nous aider alors qu'on se demande si c'est vraiment le cas et si c'est pas plutôt eux qui ont mis de côté notre dossier en attendant que nous prenions de l'âge, mais ne crois pas que je serais malheureux le reste de ma vie car nous resterons rien que tous les deux. Je t'aime chéri.
- Moi aussi je t'aime mon amour, dit simplement Sam en lui prenant les mains et en embrassant l'une d'elles.
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Un peu plus tard, au terrain du potager, Jason travaille celui-ci un peu à la main avant de faire le reste avec le tracteur.
Au bout d'un moment, alors qu'il a quitté les fraisiers pour rejoindre les poiriers, Monsieur Davis entend le déclenchement de l'une des portes électriques du garage de la maison. En tournant la tête, il voit sa fiancée sortir son pick-up.
Jason cesse de travailler et prend son téléphone dans la main quand il voit que Lucie semble écrire un texto. Mais rien ne lui parvient. Jason comprend rapidement que le message ne lui est pas destiné, mais il sait également que ça ne peut pas être à ses enfants, car l'un est en plein entretien d'embauche et l'autre est à l'école.
Tandis que Mademoiselle Diesel monte à bord de son pick-up et démarre, Jason court jusqu'à l'entrée du terrain afin de monter dans sa voiture pour la suivre.
Lucie passe devant le terrain du potager sans même regarder là-bas et continue sa route sans se préoccuper d'autre chose.
Prudemment et le plus discrètement possible, Monsieur Davis suit sa fiancée de loin.
Lorsqu'il voit que Lucie stationne devant une maison, il ralentit et se range sur le côté gauche de la route, derrière un sapin.
Monsieur Davis éteint le moteur de sa voiture mais n'en descend pas. De là où il est, il voit sa fiancée se diriger jusqu'à l'entrée de cette mystérieuse maison et y sonner.
Après quelques secondes, bien que ce soit de loin, Jason parvient à distinguer que l'occupant de la maison n'est autre que l'ex de Lucie, Sacha Danford. Ce dernier prend Mademoiselle Diesel dans ses bras...
… puis met un bras autour d'elle avant de rentrer ensemble chez lui, et tout cela, sous les yeux ahuris de Jason.