Chapitre 26 : Tragédie (partie 1)
- C'est vous deux qui avez tout bousillé en disant n'importe quoi. Mais maintenant c'est terminé. Je n'ai pas l'intention de revenir vers vous, et vous pouvez me croire, je ne risque plus de changer d'avis, dit fermement Stéphanie.
- Bien joué Smith, je vous tire mon chapeau, lance Corentin, vous lui avez bien appris la leçon pour la monter contre moi. Mais c'était une vraie belle erreur de votre part, parce que je ne compte pas en rester là. Je vais vous faire la guerre et vous allez vraiment le regretter!
- Mais pour qui tu te prends pour le menacer? S'énerve Stéphanie.
- Ce n'est pas à toi que je m'adresse, lâche Corentin.
- Je suis pas débile, j'avais compris! Mais tu n'as pas intérêt à recommencer ton cirque et à déblatérer des conneries sur lui! Poursuit Stéphanie.
- J'estime que cet homme ne peut pas remplir son rôle comme il le faut envers toi, reprend Corentin, et c'est pourquoi je ferai tout pour que...
- Ça suffit, l'interrompt Catherine.
- Qu'est-ce qui te prend toi? Demande Corentin en se tournant vers sa femme.
- Arrête, j'en ai assez de tout ça, laisse-la en paix, tu vois bien qu'elle est bien avec son père. Elle est à sa place avec lui, appuie Catherine.
- Comment tu peux oser me dire un truc pareil? Interroge Corentin.
- Tu sais très bien pourquoi je le dis, lâche Catherine. Arrêtons cette stupide...
- Tu n'as pas d'ordre à me donner, l'interrompt Corentin. Tu sais très bien pourquoi on fait tout ça, on veut protéger notre petite fille. Tu t'en rappelles?
- Parce que nous la pensions en danger chéri, tu le sais bien. Mais elle est heureuse avec son père, et il tient bien son rôle, contrairement à ce que tu dis, continue Catherine. N'est-ce pas Stéphanie?
- Absolument oui, confirme la jeune fille.
- Laisse-les vivre en paix Corentin, s'il te plaît, réclame Catherine.
- Très bien, relance Corentin en se tournant vers Stéphanie, j'abandonne, puisque c'est ce que vous semblez vouloir tous ici. Mais je sais déjà que tu vas finir malheureuse, il va pas savoir te gérer comme il le faut, ni t'offrir ce que tu mérites. Et ce jour-là, ne compte pas sur moi pour...
- Stop! L'interrompt Mademoiselle Smith. Mon père sait s'occuper de moi comme personne. Il est attentif à moi, il m'aide quand j'ai des problèmes, quels qu'ils soient. Et toi et grand-mère, dis-moi où vous étiez quand je suis tombé de vélo, quand j'ai eu mon premier chagrin d'amour? Ou bien lors de mon premier jour d'école, mon premier A, et toutes ces choses qui font le quotidien d'un enfant? Vous n'étiez pas là. Mais mon père oui, et j'ai toujours pu compter sur lui.
- J'ai de sérieux doutes là-dessus, lâche Corentin à bout d'arguments.
- Vous ne me connaissez pas tous les deux, continue Stéphanie. Vous avez débarqué dans ma vie sans me laisser le libre-arbitre. Et ce n'est pas grand-mère, toi... ou même un juge qui me dira ce que je dois faire, et avec qui je dois être, jamais.
- Écoutez, ajoute Jack en prenant enfin la parole, nous ne nous connaissons pas, je le sais bien. Mais je n'empêcherai jamais Stéphanie de vous voir autant qu'elle le voudra. Mais il faut la laisser faire ses propres choix. Elle est suffisamment mature et saine d'esprit pour prendre cette décision.
- Parce que ça vous arrange bien, avouez, lâche Corentin.
- Non, parce que c'est vrai. Si nous passions à autre chose à présent? Serrons-nous la main et repartons sur de nouvelles bases, propose Jack en lui tendant la main.
- Sans façon, rétorque froidement Corentin. Vous avez ce que vous voulez, alors quittez ma propriété maintenant.
- Bien, dit simplement Jack en abaissant sa main.
Par la suite, la propriétaire des lieux raccompagne seule sa petite fille et Jack, ces derniers montent en voiture, et commencent à partir.
- Tu euh... tu n'aurais pas voulu rester en bons termes avec eux? Demande Jack.
- Si, c'est ce que j'avais espéré. Mais c'est juste grand-père qui semble m'en vouloir. Grand-mère a l'air d'être plus cool, appuie Stéphanie.
- C'est vrai oui. Et, reprend-il, tu ne regrettes rien?
- Absolument rien, appuie la jeune fille. Tout ce que je voulais, c'était pouvoir rester avec toi, sans avoir à craindre que grand-père recommence ses manigances stupides pour me faire te détester. Mais il n'aurait jamais dû, parce que tu m'as donné bien plus qu'eux deux réunis.
- Quoi dont? Interroge Jack intrigué.
- Ton amour... et une belle vie de famille avec Holly, répond-elle en souriant.
Plus tard, dans la soirée.
Terence et Rick arrivent ensemble de leur journée à l'hôpital.
Et en franchissant l'entrée, ils découvrent tout le monde tranquillement devant la télé.
En voyant son père, Holly se lève et fonce dans ses bras.
- Que je suis contente de te voir mon petit papa! Lance tendrement Holly.
- Moi aussi ma chérie, ça me fait très plaisir, dit Terence en la serrant contre lui.
- Bonsoir... Rick, n'est-ce pas? Réclame Holly.
- Tout à fait, confirme Monsieur Kaloon en souriant.
- Je suis ravie de te rencontrer enfin. Du moins... je sais qu'on s'est déjà vu quand j'étais petite, mais je ne m'en souviens pas. Et euh... je vais dire la même chose qu'à ta femme, mais j'ai vraiment l'impression de ne pas te connaître.
- Avec un peu de chance, on va pouvoir mieux se découvrir pendant ton séjour ici, réplique Rick en souriant et en lui ouvrant ses bras.
- Oui, répond simplement Holly en l'enlaçant.
- Ta journée a été bonne à l'hôpital? Demande Holly.
- Oui, rétorque Rick, merci de demander. Tu sais combien de temps tu restes en ville ou c'est pas encore sûr?
- Nous devrions repartir à la fin du week-end je pense, répond Holly.
- D'accord. Et tu penses que malgré ton départ, on pourra garder le contact? Ça me ferait plaisir de discuter avec ma nièce de temps en temps, lance Rick.
- Bien sûr, et avec grand plaisir. D'ailleurs, tante Sophie et moi avons déjà échangé nos numéros, réplique Holly en souriant.
- Parfait, voilà une excellente chose de faite, dit Rick en souriant.
Le lendemain matin.
Jack, Holly, Luna et Neptune sont à la plage, en bas de la maison. La petite héritière s'amuse avec son père dans l'eau, tandis que la chienne joue avec sa maîtresse.
Pendant ce temps, au Domaine Davis.
Dans la chambre de Fran, celle-ci et Stéphanie dorment...
… pendant que dans le séjour, Terence et Céline discutent.
- […] Et franchement je... je ne sais pas si j'aurais le courage, dit-elle.
- Je sais que c'est pas facile, mais... tu sais aussi qu'il le faut pourtant, appuie t-il.
- Comment annoncer une chose pareille à notre fille? Interroge Céline.
- Je crois que... que l'idée de devoir lui dire me terrifie, avoue t-il. Que ce soit la réaction qu'elle peut avoir ou... ou...
- On ne va jamais y arriver, l'interrompt-elle.
- Il le faut, insiste Monsieur Davis. Tu sais ce que nous avons décidé de faire... quand et où. Tu ne renonces pas quand-même, si?
- Le dénouement me fait peur. D'une manière ou d'une autre... tout va s'arrêter. Plus rien ne sera jamais comme avant. J'ai... j'ai peur de craquer, réplique t-elle.
- C'est bientôt fini, essaie de rester forte... pour moi, réclame t-il.
Complètement sous le choc et infiniment triste, Madame Davis explose en larmes, tandis que son mari s'approche davantage d'elle pour l'enlacer et la prendre dans ses bras.
- Qu'est-ce qui se passe Mamie? Demande Stéphanie en arrivant.
Surprise, Céline bondit de sa chaise en essuyant rapidement ses larmes, tandis que Terence, toujours assis, est effrayé que l'adolescente ait pu entendre leur conversation.
- Tu as bien dormi? Demande la propriétaire des lieux.
- Très bien, merci, mais j'ai posé une question, reprend Stéphanie.
- Tout va bien, ne t'en fais pas ma belle, appuie Céline.
- Attendez, je suis pas débile quand-même, insiste Stéphanie. J'arrive ici et je te trouve en train de pleurer. Si c'est comme ça que tu vas bien, c'est... étrange.
- Hé bien c'est... c'est rien, dit Céline sans savoir quoi dire, c'est...
- Ta grand-mère et moi nous nous sommes disputés, intervient Terence en se levant. Et maintenant ça va, nous avons discuté et tout est arrangé.
- Vous êtes bien sûr? Interroge l'adolescente.
- Absolument, confirme Céline. Tout va pour le mieux. Je te prépare ton petit-déjeuner? Qu'est-ce qui te ferait plaisir?
- On le fait ensemble si tu veux, propose Mademoiselle Smith.
- D'accord, allons-y, lance Céline en passant devant.
Près de deux heures plus tard, Jack, Holly, Luna et la chienne sont revenus de la plage. Après avoir passé un moment avec ses parents, Holly est sorti dans le jardin, accompagnée de la fidèle Neptune. De l'intérieur, Jack observe son épouse, qui semble loin dans ses pensées.
Sur le point de sortir la rejoindre après quelques instants, Monsieur Smith voit la jeune femme se lever de la balançoire et se diriger sur la tombe de Roxy. Le chien que la jeune femme a eu pendant des années. Et derrière, Neptune la suit toujours.
Madame Smith reste figée, à regarder longuement la pierre tombale de son fidèle et bien aimé compagnon, avec des larmes qui commencent à couler, jusqu'à ce que la chienne se mette à aboyer pour attirer son attention.
Environ un quart d'heure plus tard, Jack et les filles sortent dans le jardin, tandis que Holly est revenue s'installer dans la balançoire.
- Papa? Lance Stéphanie en le regardant.
- Tu veux bien rester par là avec les filles? Réclame t-il. J'arrive.
- Bien sûr papa, acquiesce l'adolescente.
Avec plaisir, Mademoiselle Smith s'installe par terre avec Luna et Fran, et se met à raconter une histoire aux deux jeunes filles, et celles-ci sont bien attentives.
Pendant ce temps, Jack rejoint sa moitié et s'agenouille face à elle.
- Mon cœur... tu as le regard tellement triste, remarque t-il en l’observant.
- [silence]
- Tu ne veux pas me dire ce qu'il y a? Interroge Monsieur Smith.
- C'est... c'est stupide, hésite t-elle.
- Rien n'est stupide, tu sais que tu peux tout me dire, appuie Jack.
- Je sais que... que je devrais me réjouir de la vie que nous avons, commence la jeune femme, et c'est vrai que je suis heureuse. Mais... je n'arrive pas à m'enlever de la tête tous ceux que j'ai perdus.
- Tu penses à Roxy, n'est-ce pas? Demande t-il.
- Oui, enfin... lui et les autres. Que ce soit Coco, ce cheval que j'aimais tellement, et les autres aussi, Pinceau, Texas, Lune. Oh... soupire Holly, Lune... avec qui j'avais une relation si fusionnelle. Sans oublier Pepette et Mimie. Alors... euh...
- Dis-moi, réclame t-il après un court silence, je t'écoute.
- Je pense à Neptune, lâche t-elle. Il ne nous reste plus qu'elle... et je sais qu'elle n'est pas éternelle malheureusement. Alors je... avec tous ceux que j'ai perdus auparavant, je... je ne veux plus aucun animal après elle... je sais que Stéphanie voudrait avoir un chien bien à elle, mais je... je... je vais pas avoir la force...
- Tu n'as pas à te forcer, l'interrompt-il. Si tu n'en veux pas d'autres, Stéphanie le comprendra, voilà tout. Ne te tortures pas mon cœur, dit-il en l'embrassant.
Plus tard, dans la soirée, pendant le repas, le moral de Holly est déjà bien meilleur, et après que la famille ait tranquillement dîné, tout le monde discute.
- […] Et avec Jack, nous pensions organiser un pique-nique demain, lance Holly.
- Ouiii! S'écrie joyeusement Fran.
- Oui, je pense acheter un gâteau pour l'anniversaire de Stéphanie, ajoute Jack.
- C'est gentil mais c'est pas nécessaire, dit Stéphanie. Être avec vous me suffit.
- C'est mignon, lance Céline.
- J'achèterai quand-même le gâteau, insiste Jack en souriant.
- Très bien, si c'est ce que tu veux, aucun problème, appuie Stéphanie.
- Alors on ira hein? Hein? Demande Fran.
- Bien sûr, acquiesce Jack, du moins si tes parents sont d'accord.
- Oui... mais euh... nous voudrions te parler, lance Terence en regardant Holly.
- Oui, de quoi il s'agit? Interroge Madame Smith.
- Fran, ma chérie, tu veux bien sortir avec Stéphanie et Luna et vous amuser dehors un petit moment? Réclame la propriétaire des lieux.
- D'accord, accepte simplement Fran en se levant.
À leur tour, Stéphanie et Holly se lèvent.
- Je peux la prendre? Demande Fran.
- Si tu veux oui, réplique Holly en la lui donnant, tiens, je te la confie.
- Merci, dit simplement Fran en la prenant doucement dans ses bras.
- Et prenez garde à ne pas la laisser traîner près de la fontaine, réclame Holly.
- Pas de soucis! S'exclame Fran.
- Je les surveille, ne t'en fais pas m'man, appuie Stéphanie.
Dès que les filles sont dehors, elles s'installent par terre sans se préoccuper de quoi que ce soit d'autre. Et Fran se met à jouer très simplement et joyeusement avec Luna, sous la surveillance et la bienveillance de la belle Stéphanie.
Pendant ce temps, dans le séjour.
- Alors, qu'est-ce qui se passe? Demande Holly.
- C'est-à-dire que... c'est pas facile à dire, lâche le propriétaire des lieux.
- Papa, tu as dit que tu voulais me parler, reprend la jeune femme. Vous vouliez que les filles sortent, c'est fait. Alors quoi, c'est Jack qui vous dérange?
- Non pas du tout, au contraire, c'est bien qu'il soit là aussi, appuie Terence.
- Hé, vous savez... si vous voulez nous annoncer l'arrivée prochaine d'un nouveau bébé, croyez-moi, ça risque pas de me déranger, pas du tout! S'exclame Holly.
- Holly, reprend sérieusement Terence, j'ai un cancer du foie. Le stade est avancé. Il a été détecté trop tard.
- Qu... quoi? Lance Holly tétanisée par cette annonce. C'est... c'est sérieux?
- Très sérieux oui, affirme le propriétaire des lieux. Je suis désolé de l'avoir dit comme ça, alors que tu semblais contente, mais... l'heure presse et...
- Comment ça l'heure presse? L'interrompt la jeune femme. Qu'est-ce que tu veux dire par là?
- Je n'ai plus aucune possibilité de m'en sortir Holly, lâche Terence.
- Vous êtes sûr? Demande Jack.
- Qu'en pense Fran? Comment elle a réagi? Interroge Holly.
- Nous ne lui avons rien dit, intervient Céline.
- Et vous attendez quoi exactement? Réclame la jeune femme.
- Nous ne comptons rien dire avant que ce soit fini, lâche Céline.
- Mais qu'est-ce que vous racontez? Qu'est-ce que vous essayez de me dire là? J'ai l'impression que vous cachez quelque chose d'autre, réplique Holly.
- Effectivement, confirme Monsieur Davis. Il y a autre chose que tu dois savoir. Je suis médecin, et mon cas, ce n'est pas la première fois que je le fréquente. Je sais comment je vais finir, et c'est pas ainsi que je veux terminer ma vie. Il se trouve que... j'ai décidé... avec ta mère, que je n'attendrais pas que mon cancer en finisse avec moi. Alors... avec un comprimé, je compte...
- Tu veux mettre fin à tes jours? Interroge t-elle choquée en l'interrompant.
- On peut dire ça comme ça, répond Terence.
- Vous ne pouvez pas faire ça! S'écrie Holly sous le choc.
- Il le faut, et tu ne nous feras pas changer d'avis, appuie Terence.
- C'est du suicide! Crie la jeune femme abasourdie.
- Calme-toi s'il te plaît, réclame Terence, je ne veux pas que les filles entendent.
- Tu peux pas faire ça... non... tu peux pas, lâche Holly en commençant à pleurer.
Dehors, tandis que Fran et Luna continuent de jouer sans faire attention à quoi que ce soit d'autre, Stéphanie remarque sa belle-mère et les visages tristes des autres et recommence à se poser des questions, comme ce matin.
>>> Chapitre 27 : Tragédie (partie 2)