Salut à tous et toutes (qui sont une majorité je suppose!)
Depuis les Sims 2 je me régale en lisant des histoires de Sims, sans jamais oser me lancer.
*Roulements de tambour* Ca y est ! C'est fait ! J'ai ajusté mon maillot, j'ai bien calé mon bonnet de bain sur mes oreilles et j'ai fait le grand plongeon!
Je vous présente ma première fiction simsienne, tout simplement nommée "Tess."
Voici le sinopsys "officiel" :
J'attends avec impatience vos remarques, avis et critiques qui me permettront de m'améliorer! -
Bonne lecture! ↓
Depuis les Sims 2 je me régale en lisant des histoires de Sims, sans jamais oser me lancer.
*Roulements de tambour* Ca y est ! C'est fait ! J'ai ajusté mon maillot, j'ai bien calé mon bonnet de bain sur mes oreilles et j'ai fait le grand plongeon!
Je vous présente ma première fiction simsienne, tout simplement nommée "Tess."
Voici le sinopsys "officiel" :
Ainsi que le premier chapitre!Abe...Abby. C'est ainsi qu'on m'appelait à l'époque. J'ai eu ma gloire...A présent je suis une grand-mère fatiguée...Mais mes souvenirs restent intacts. Il n'y a pas un jour sans que je pense à elle. Elle était...rayonnante.
J'attends avec impatience vos remarques, avis et critiques qui me permettront de m'améliorer! -
Bonne lecture! ↓
Premier chapitre
Dans un salon poussiéreux, de légers éclats de rires déchirent le silence pesant de l'habitation d'habitude désertée, et désertique. Une mamie et sa petite-fille jouent tendrement, se pinçant les joues à qui mieux-mieux, se chatouillant, se papouillant...profitant l'une de l'autre.
La petite, durant ces jeux, ne quittait pas des yeux l'amusant collier de sa "mamé". Une fraise! C'est singulier pour une personne de son âge, d'avoir une fraise autour du cou...Elle osa:
-"Mamé? Tu me donnes ta fraise?"
La grand-mère sourit et secoua la tête à la négative.
-"Navrée ma chérie. C'est la chose que je chéris le plus au monde...avec toi!"
Et les jeux reprirent de plus belle.
Cependant, l'enfant venait de ré-ouvrir une vieille cicatrice, quelque part là, près du cœur de sa mamie.
Elle soupira et malgré les relances incessantes de sa petite fille pour continuer à jouer, se perdit dans ses pensées...
Cela fait quarante ans déjà. Abelina Delucci était une jeune fille ordinaire, tout était moyen chez elle. Son physique, son intelligence, sa qualité de vie...tout, sauf une chose. Son amour inconditionnel et immodéré pour la musique.
Ses journées? Elle les passait dehors à jouer pour gagner sa vie. Sa guitare était un peu sa baguette magique. Avec, elle pouvait donner le sourire aux gens, former des couples, en briser parfois...Oui, on pouvait dire ça, Abe était une sorte de fée de la musique.
Cette nuit là il faisait plus froid que d'ordinaire. Abe rentrait d'une audition pour rejoindre un groupe qui se formait en ville. Elle avait repéré des affichettes punaisées chez les commerçants et tenté sa chance.
En vain. "Pas suffisamment jolie. Pas suffisamment de charisme. Ne dégage rien. Bon jeu de doigt mais aucune présence sur scène."
Telles avaient été les critiques qu'elle avait encaissé en serrant les dents. Tant pis, elle ramassa son étui à guitare et pris la direction de chez elle.
Il y avait deux chemins pour rentrer, un plus court mais plus risqué car il traversait l'aire de jeu canine...De jour il pouvait paraitre agréable, mais de nuit c'était un vrai repaire à voyous. Et un chemin plus long qui faisait faire un détour non négligeable mais au moins, on avait la paix.
D'ordinaire, Abe empruntait toujours le plus long, casque sur les oreilles, elle avalait les kilomètres sans s'en rendre compte. Mais ce soir là, le froid lui fit changer ses habitudes.
Et le froid lui changea la vie, car il lui permis de rencontrer Tess.
Sur l'une des balançoires grinçantes et instables du parc, se tenait une fille en rouge. Elle n'avait pas l'air bien, voûtée, elle se tenait la tête d'une main, et de l'autre, maintenait droite une cigarette.
Abe n'était pas du genre à se mêler d'autres affaires que les siennes, mais de cette fille lui émanait quelque chose...une sorte d'aura qui faisait qu'on ne pouvait passer à côté en prétendant ne pas l'avoir vue.
Elle avala sa salive et fit un pas vers les balançoires.
La fille en rouge entendit des pas sur le gravier et leva la tête dans un sursaut, amorçant un geste pour cacher sa cigarette derrière son dos. Elle attendit qu'Abe se poste devant elle pour la saluer d'un vague mouvement de main.
Abe: Salut..Ca..tout va bien?
Fille en rouge: Niquel chrome! J'étais posée entrain de me détendre après mon job pourri et voilà qu'une gamine en haillons vient me gâcher le seul instant agréable de ma journée!
Abe écarquilla les yeux, surprise de ce premier contact peu...chaleureux. Elle rougit et bredouilla des excuses en baissant la tête.
La fille en rouge s'aperçut qu'elle y avait été trop fort et releva le menton d'Abe du bout des doigts.
Fille en rouge: Hé...Faut pas faire cette tête. Excuse, j'avais les nerfs et depuis trois heures que je prends racine sur cette balançoire, tu es la première personne que je croise. C'est tombé sur toi.
Abe: Trois heures?! Mais tu dois être gelée, tu n'as que ça sur le dos? Même moi j'ai la chair de poule sous mon "haillon" comme tu dis. Pourquoi ne rentres-tu pas chez toi?
La fille en rouge sembla hésiter un instant puis, détourna le regard et lâcha à contre-cœur:
"Ma voiture est encore plus froide et les sièges ont les ressorts pétés. A choisir tu vois...je préfère encore le parc."
Abelina mit un instant à saisir ce qu'elle venait d'entendre. Elle vivait donc dans une voiture? Sa vie ne semblait pas être amusante tous les jours. Réfléchissant, elle envisagea la possibilité d'emmener cette pauvre fille chez elle, ne serait-ce que pour se réchauffer un instant devant un bon café.
Se préparant à se faire rembarrer dans les règles de l'art, elle demanda pourtant:
"Ça te dit de venir à la maison? Prend pas ça pour de la pitié ou quoi que ce soit...mais j'ai acheté une nouvelle cafetière mais je bois trop peu de café pour lui faire honneur. On pourrait peut-être l'inaugurer ensemble?"
La fille en rouge haussa les sourcils et contre toute attente, son visage pris une expression reconnaissante.
Fille en rouge: Je...o...oui...c'est une idée. Juste le temps d'un café. Et seulement si tu n'as VRAIMENT pas pitié de moi!
Abe: Je t'assure. En fait, je t'envie même.
C'est alors qu'elle le vit pour la première fois...son sourire. Discret, frémissant comme s'il cherchait à aller se cacher.
Fille en rouge: OK. Monte à l'arrière.
Abelina suivit la fille en rouge jusqu'à sa voiture, un tas de tôle froissée tenant plus de la poubelle que de la voiture de sport et pris place à l'arrière, comme indiqué.
Elle décrivit le chemin à parcourir à la conductrice et se cala dans le fond du siège, son étui à guitare sur les genoux. Elle avait cherché la ceinture mais n'en avait pas trouvé trace. Tant pis, après tout il n'y avait que quelques rues à passer.
Abe: Au fait! Moi c'est Abelina...mes amis m'appelle Abe mais étant donner que je ne connais personne, je n'ai jamais eu l'occasion de l'entendre de la bouche de quelqu'un.
La fille en rouge regarda Abe dans le rétroviseur, accrocha son regard du sien et, dans un virage un peu serré, clope toujours à la main, dit simplement:
"Tess."
Les deux jeunes filles arrivèrent bientôt à destination. Après avoir garé la voiture près d'une contre-allée du voisinage, elle atteignirent le perron de la maison d'Abelina.
C'était loin d'être le luxe mais ça suffisait. Une pièce en bas incluant la cuisine, de même qu'une salle de bain un peu vieillotte avec un poster de pin-up défraichie, et une pièce en haut qui tenait lieu de chambre.
Cependant, avant d'entrer, Abe décida de mettre en garde sa nouvelle amie.
"Je te serai reconnaissante de ne pas fumer à l'intérieur. Il y a déjà une sale odeur à cause du chat de l'ancienne propriétaire...J'ai pas trop envie de voir mes murs devenir jaunes en plus de ça."
Tess: Oui chef.
Abe dévérouilla la porte puis la fit coulisser avant de laisser Tess passer. Elle referma ensuite comme il faut et guetta la réaction de son invitée, un peu sur la défensive car elle aimait son chez elle.
Si elle s'attend à un quatre étoile, elle va être déçue! pensa-t-elle.
Mais Tess avait l'air d'apprécier l'intérieur. Simple et épuré, ce qui semblait être tout son opposé, semblait aussi parfaitement lui convenir.
Abe: Assieds-toi donc pendant que je prépare le café. Tu prends de la crème?
Tess: Non...mais deux sucres. Merci.
Abelina s'affaira à la tâche. Doser l'eau. Mettre un filtre. Rajouter le café. Elle appuya enfin sur le bouton "START" du bout du doigt.
Un silence s'installa entre les deux filles pendant que le café coulait. Ce n'est que lorsqu'il fut servi que les langues se délièrent.
Tess: Alors? Et toi, que faisais-tu dehors si tard?
Abe: Oh...j'ai été à une audition qui a trainé en longueur à cause de problèmes techniques.
Tess: Et?
Abe: Recalée.
Tess haussa les épaules pendant qu'Abe buvait une gorgée de café. Cette dernière reposa ensuite sa tasse mais garda les mains dessus pour les réchauffer. Elle choisit ses mots.
Abe: Je m'en fiche. Après tout, je préfère jouer dans le métro plutôt que d'appartenir à ce groupe de...de...pestes!
Tess: Pestes? Le mot est fort! Je ne te pensais pas si vulgaire.
Abe: Ne te moque pas...J'ai beaucoup de difficultés à être grossière. Mon éducation sans doute.
Tess: Aller! Lache-toi. Qu'est-ce que tu penses vraiment de ces nanas? Repense à l'instant où elles t'ont annoncé que tu n'étais pas prise.
Abelina fronça les sourcils secoua la tête puis, détachant ses mains de la tasse, elle leva les bras en l'air et rugit tout un bouquet d'insultes qu'elle ne se serait jamais crue capable de sortir. Tess se joignit bientôt à elle avec un petite cuvée de son crû.
Hilares, les jeunes filles s'appuyèrent l'une sur l'autre et prirent quelques minutes pour se calmer. Lorsqu'Abe rouvrit la bouche, ce fut pour une question un peu plus sérieuse.
"Tu...veux dormir ici? Je n'ai qu'un lit mais il est suffisamment grand pour deux...Enfin si ça ne te gène pas de dormir dans le même lit que moi."
Tess: On avait dit un café...
Abe: Oui c'est vrai tu as...
Tess: ...mais j'avoue que ça fait longtemps que j'ai pas dormi dans un lit.
Tess s'étira alors qu'Abe, ravie, allait lui chercher de quoi se vêtir pour la nuit. Elle monta aussi le chauffage d'un ou deux crans.
Les deux filles empruntèrent les escaliers et allèrent à la chambre.
Tess regarda autour d'elle en souriant. Une chambre, une vraie chambre! Abe lui fit signe de s'asseoir sur le canapé et lui tendit un pyjama.
Tess: Pourquoi tu fais tout ça pour moi?
Abe: J'en sais rien. On va dire que je m'ennuie...Change toi.
Abelina détourna les yeux pendant que son amie ôtait déjà ses chaussures, puis sa robe et enfilait le short et le débardeur posés sur le canapé.
Tess: Je peux utiliser ton démaquillant?
Abe: Fais comme chez toi.
Abe observa Tess se démaquiller. Elle opérait avec des gestes précis, presque professionnels. Une paupière, puis l'autre. Elle s'attacha aussi les cheveux en une natte compacte. Le changement était saisissant mais pas moins plaisant.
Puis Abe se changea en bas, se démaquilla aussi et se brossa les cheveux. Lorsqu'elle remonta dans la chambre, Tess était assise sur le lit et l'attendait sagement, ses grands yeux de biche rougis de fatigue.
Elles passèrent beaucoup de temps à discuter de choses et d'autres malgré la fatigue. Ainsi, Abe appris que le nom de famille de Tess était Mabel, qu'elle était en instance de divorce et que c'est par fierté qu'elle préférait dormir dans sa voiture ou même dehors plutôt que de retourner dans la prison dorée que représentait son ancienne maison.
Elle aimait le bleu, la pizza quatre fromages, avait eu un poussin dans son enfance mais l'avait écrasé pendant la nuit en dormant avec, qu'elle avait une tâche de naissance en forme d'ancre de navire sur la cuisse et que pour elle, le pied ultime était de passer la journée au lit avec des chips devant des bons feuilletons télé.
Quant à Tess, elle cerna un peu plus sa si gentille hôtesse. Troisième de quatre sœurs, père décédé, mère sur le déclin qui passait son temps à cracher ses poumons entre deux mailles de tricot. Elle avait une autre passion à part la guitare qui s'avérait être la peinture. Elle adorait le pop-rock et le mojito ainsi que les minis gâteaux au chocolat fourrés à la fraise.
Les heures défilèrent à une vitesse incroyable tandis qu'elle parlaient, et bientôt le jour pointa.
Abelina se glissa sous la couverture car elle commençait à avoir de nouveau froid, et, enfonçant sa tête dans l'oreiller, se laissa doucement glisser dans les bras de Morphée. Tess la regarda dormir quelque temps tout en réfléchissant à cette étrange soirée. Puis elle s'endormit aussi, un léger sourire aux lèvres.
La vie et ses problèmes allaient devoir attendre. Les cris et les larmes devront attendre. Les coups et les injures aussi. Le temps s'était arrêté pour ces deux anges endormis. Une étrange chaleur semblait les envelopper l'une et l'autre dans leur sommeil, les protégeant des cauchemars.
L'apocalypse pouvait s'abattre sur Riverview, elles s'en fichaient car elles étaient ensembles, et savaient déjà que ce serait à la vie à la...mort.
Dans un salon poussiéreux, de légers éclats de rires déchirent le silence pesant de l'habitation d'habitude désertée, et désertique. Une mamie et sa petite-fille jouent tendrement, se pinçant les joues à qui mieux-mieux, se chatouillant, se papouillant...profitant l'une de l'autre.
La petite, durant ces jeux, ne quittait pas des yeux l'amusant collier de sa "mamé". Une fraise! C'est singulier pour une personne de son âge, d'avoir une fraise autour du cou...Elle osa:
-"Mamé? Tu me donnes ta fraise?"
La grand-mère sourit et secoua la tête à la négative.
-"Navrée ma chérie. C'est la chose que je chéris le plus au monde...avec toi!"
Et les jeux reprirent de plus belle.
Cependant, l'enfant venait de ré-ouvrir une vieille cicatrice, quelque part là, près du cœur de sa mamie.
Elle soupira et malgré les relances incessantes de sa petite fille pour continuer à jouer, se perdit dans ses pensées...
Cela fait quarante ans déjà. Abelina Delucci était une jeune fille ordinaire, tout était moyen chez elle. Son physique, son intelligence, sa qualité de vie...tout, sauf une chose. Son amour inconditionnel et immodéré pour la musique.
Ses journées? Elle les passait dehors à jouer pour gagner sa vie. Sa guitare était un peu sa baguette magique. Avec, elle pouvait donner le sourire aux gens, former des couples, en briser parfois...Oui, on pouvait dire ça, Abe était une sorte de fée de la musique.
Cette nuit là il faisait plus froid que d'ordinaire. Abe rentrait d'une audition pour rejoindre un groupe qui se formait en ville. Elle avait repéré des affichettes punaisées chez les commerçants et tenté sa chance.
En vain. "Pas suffisamment jolie. Pas suffisamment de charisme. Ne dégage rien. Bon jeu de doigt mais aucune présence sur scène."
Telles avaient été les critiques qu'elle avait encaissé en serrant les dents. Tant pis, elle ramassa son étui à guitare et pris la direction de chez elle.
Il y avait deux chemins pour rentrer, un plus court mais plus risqué car il traversait l'aire de jeu canine...De jour il pouvait paraitre agréable, mais de nuit c'était un vrai repaire à voyous. Et un chemin plus long qui faisait faire un détour non négligeable mais au moins, on avait la paix.
D'ordinaire, Abe empruntait toujours le plus long, casque sur les oreilles, elle avalait les kilomètres sans s'en rendre compte. Mais ce soir là, le froid lui fit changer ses habitudes.
Et le froid lui changea la vie, car il lui permis de rencontrer Tess.
Sur l'une des balançoires grinçantes et instables du parc, se tenait une fille en rouge. Elle n'avait pas l'air bien, voûtée, elle se tenait la tête d'une main, et de l'autre, maintenait droite une cigarette.
Abe n'était pas du genre à se mêler d'autres affaires que les siennes, mais de cette fille lui émanait quelque chose...une sorte d'aura qui faisait qu'on ne pouvait passer à côté en prétendant ne pas l'avoir vue.
Elle avala sa salive et fit un pas vers les balançoires.
La fille en rouge entendit des pas sur le gravier et leva la tête dans un sursaut, amorçant un geste pour cacher sa cigarette derrière son dos. Elle attendit qu'Abe se poste devant elle pour la saluer d'un vague mouvement de main.
Abe: Salut..Ca..tout va bien?
Fille en rouge: Niquel chrome! J'étais posée entrain de me détendre après mon job pourri et voilà qu'une gamine en haillons vient me gâcher le seul instant agréable de ma journée!
Abe écarquilla les yeux, surprise de ce premier contact peu...chaleureux. Elle rougit et bredouilla des excuses en baissant la tête.
La fille en rouge s'aperçut qu'elle y avait été trop fort et releva le menton d'Abe du bout des doigts.
Fille en rouge: Hé...Faut pas faire cette tête. Excuse, j'avais les nerfs et depuis trois heures que je prends racine sur cette balançoire, tu es la première personne que je croise. C'est tombé sur toi.
Abe: Trois heures?! Mais tu dois être gelée, tu n'as que ça sur le dos? Même moi j'ai la chair de poule sous mon "haillon" comme tu dis. Pourquoi ne rentres-tu pas chez toi?
La fille en rouge sembla hésiter un instant puis, détourna le regard et lâcha à contre-cœur:
"Ma voiture est encore plus froide et les sièges ont les ressorts pétés. A choisir tu vois...je préfère encore le parc."
Abelina mit un instant à saisir ce qu'elle venait d'entendre. Elle vivait donc dans une voiture? Sa vie ne semblait pas être amusante tous les jours. Réfléchissant, elle envisagea la possibilité d'emmener cette pauvre fille chez elle, ne serait-ce que pour se réchauffer un instant devant un bon café.
Se préparant à se faire rembarrer dans les règles de l'art, elle demanda pourtant:
"Ça te dit de venir à la maison? Prend pas ça pour de la pitié ou quoi que ce soit...mais j'ai acheté une nouvelle cafetière mais je bois trop peu de café pour lui faire honneur. On pourrait peut-être l'inaugurer ensemble?"
La fille en rouge haussa les sourcils et contre toute attente, son visage pris une expression reconnaissante.
Fille en rouge: Je...o...oui...c'est une idée. Juste le temps d'un café. Et seulement si tu n'as VRAIMENT pas pitié de moi!
Abe: Je t'assure. En fait, je t'envie même.
C'est alors qu'elle le vit pour la première fois...son sourire. Discret, frémissant comme s'il cherchait à aller se cacher.
Fille en rouge: OK. Monte à l'arrière.
Abelina suivit la fille en rouge jusqu'à sa voiture, un tas de tôle froissée tenant plus de la poubelle que de la voiture de sport et pris place à l'arrière, comme indiqué.
Elle décrivit le chemin à parcourir à la conductrice et se cala dans le fond du siège, son étui à guitare sur les genoux. Elle avait cherché la ceinture mais n'en avait pas trouvé trace. Tant pis, après tout il n'y avait que quelques rues à passer.
Abe: Au fait! Moi c'est Abelina...mes amis m'appelle Abe mais étant donner que je ne connais personne, je n'ai jamais eu l'occasion de l'entendre de la bouche de quelqu'un.
La fille en rouge regarda Abe dans le rétroviseur, accrocha son regard du sien et, dans un virage un peu serré, clope toujours à la main, dit simplement:
"Tess."
Les deux jeunes filles arrivèrent bientôt à destination. Après avoir garé la voiture près d'une contre-allée du voisinage, elle atteignirent le perron de la maison d'Abelina.
C'était loin d'être le luxe mais ça suffisait. Une pièce en bas incluant la cuisine, de même qu'une salle de bain un peu vieillotte avec un poster de pin-up défraichie, et une pièce en haut qui tenait lieu de chambre.
Cependant, avant d'entrer, Abe décida de mettre en garde sa nouvelle amie.
"Je te serai reconnaissante de ne pas fumer à l'intérieur. Il y a déjà une sale odeur à cause du chat de l'ancienne propriétaire...J'ai pas trop envie de voir mes murs devenir jaunes en plus de ça."
Tess: Oui chef.
Abe dévérouilla la porte puis la fit coulisser avant de laisser Tess passer. Elle referma ensuite comme il faut et guetta la réaction de son invitée, un peu sur la défensive car elle aimait son chez elle.
Si elle s'attend à un quatre étoile, elle va être déçue! pensa-t-elle.
Mais Tess avait l'air d'apprécier l'intérieur. Simple et épuré, ce qui semblait être tout son opposé, semblait aussi parfaitement lui convenir.
Abe: Assieds-toi donc pendant que je prépare le café. Tu prends de la crème?
Tess: Non...mais deux sucres. Merci.
Abelina s'affaira à la tâche. Doser l'eau. Mettre un filtre. Rajouter le café. Elle appuya enfin sur le bouton "START" du bout du doigt.
Un silence s'installa entre les deux filles pendant que le café coulait. Ce n'est que lorsqu'il fut servi que les langues se délièrent.
Tess: Alors? Et toi, que faisais-tu dehors si tard?
Abe: Oh...j'ai été à une audition qui a trainé en longueur à cause de problèmes techniques.
Tess: Et?
Abe: Recalée.
Tess haussa les épaules pendant qu'Abe buvait une gorgée de café. Cette dernière reposa ensuite sa tasse mais garda les mains dessus pour les réchauffer. Elle choisit ses mots.
Abe: Je m'en fiche. Après tout, je préfère jouer dans le métro plutôt que d'appartenir à ce groupe de...de...pestes!
Tess: Pestes? Le mot est fort! Je ne te pensais pas si vulgaire.
Abe: Ne te moque pas...J'ai beaucoup de difficultés à être grossière. Mon éducation sans doute.
Tess: Aller! Lache-toi. Qu'est-ce que tu penses vraiment de ces nanas? Repense à l'instant où elles t'ont annoncé que tu n'étais pas prise.
Abelina fronça les sourcils secoua la tête puis, détachant ses mains de la tasse, elle leva les bras en l'air et rugit tout un bouquet d'insultes qu'elle ne se serait jamais crue capable de sortir. Tess se joignit bientôt à elle avec un petite cuvée de son crû.
Hilares, les jeunes filles s'appuyèrent l'une sur l'autre et prirent quelques minutes pour se calmer. Lorsqu'Abe rouvrit la bouche, ce fut pour une question un peu plus sérieuse.
"Tu...veux dormir ici? Je n'ai qu'un lit mais il est suffisamment grand pour deux...Enfin si ça ne te gène pas de dormir dans le même lit que moi."
Tess: On avait dit un café...
Abe: Oui c'est vrai tu as...
Tess: ...mais j'avoue que ça fait longtemps que j'ai pas dormi dans un lit.
Tess s'étira alors qu'Abe, ravie, allait lui chercher de quoi se vêtir pour la nuit. Elle monta aussi le chauffage d'un ou deux crans.
Les deux filles empruntèrent les escaliers et allèrent à la chambre.
Tess regarda autour d'elle en souriant. Une chambre, une vraie chambre! Abe lui fit signe de s'asseoir sur le canapé et lui tendit un pyjama.
Tess: Pourquoi tu fais tout ça pour moi?
Abe: J'en sais rien. On va dire que je m'ennuie...Change toi.
Abelina détourna les yeux pendant que son amie ôtait déjà ses chaussures, puis sa robe et enfilait le short et le débardeur posés sur le canapé.
Tess: Je peux utiliser ton démaquillant?
Abe: Fais comme chez toi.
Abe observa Tess se démaquiller. Elle opérait avec des gestes précis, presque professionnels. Une paupière, puis l'autre. Elle s'attacha aussi les cheveux en une natte compacte. Le changement était saisissant mais pas moins plaisant.
Puis Abe se changea en bas, se démaquilla aussi et se brossa les cheveux. Lorsqu'elle remonta dans la chambre, Tess était assise sur le lit et l'attendait sagement, ses grands yeux de biche rougis de fatigue.
Elles passèrent beaucoup de temps à discuter de choses et d'autres malgré la fatigue. Ainsi, Abe appris que le nom de famille de Tess était Mabel, qu'elle était en instance de divorce et que c'est par fierté qu'elle préférait dormir dans sa voiture ou même dehors plutôt que de retourner dans la prison dorée que représentait son ancienne maison.
Elle aimait le bleu, la pizza quatre fromages, avait eu un poussin dans son enfance mais l'avait écrasé pendant la nuit en dormant avec, qu'elle avait une tâche de naissance en forme d'ancre de navire sur la cuisse et que pour elle, le pied ultime était de passer la journée au lit avec des chips devant des bons feuilletons télé.
Quant à Tess, elle cerna un peu plus sa si gentille hôtesse. Troisième de quatre sœurs, père décédé, mère sur le déclin qui passait son temps à cracher ses poumons entre deux mailles de tricot. Elle avait une autre passion à part la guitare qui s'avérait être la peinture. Elle adorait le pop-rock et le mojito ainsi que les minis gâteaux au chocolat fourrés à la fraise.
Les heures défilèrent à une vitesse incroyable tandis qu'elle parlaient, et bientôt le jour pointa.
Abelina se glissa sous la couverture car elle commençait à avoir de nouveau froid, et, enfonçant sa tête dans l'oreiller, se laissa doucement glisser dans les bras de Morphée. Tess la regarda dormir quelque temps tout en réfléchissant à cette étrange soirée. Puis elle s'endormit aussi, un léger sourire aux lèvres.
La vie et ses problèmes allaient devoir attendre. Les cris et les larmes devront attendre. Les coups et les injures aussi. Le temps s'était arrêté pour ces deux anges endormis. Une étrange chaleur semblait les envelopper l'une et l'autre dans leur sommeil, les protégeant des cauchemars.
L'apocalypse pouvait s'abattre sur Riverview, elles s'en fichaient car elles étaient ensembles, et savaient déjà que ce serait à la vie à la...mort.
A suivre...