La voiture des deux mariés arriva enfin à Shang Sim La après de longues heures de route.
Le voyage avait été éprouvant, autant pour l'un que pour l'autre.
La perspective d'avoir enfin atteint leur destination apparaissait comme la meilleure des récompenses, après ces moments interminables enfermés dans une boîte.
Les tourtereaux prirent le temps d'admirer le paysage idyllique. Des montagnes à perte de vue, un centre-ville entouré par une rivière... Tout était parfait dans ce pays.
-Bah ça y est, on y est... commença Cerise, le sourire aux lèvres.
La belle, bien qu'ayant dormi la moitié du chemin, était exténuée. Elle avait toujours mal supporté les voyages en voiture.
Sur ces mots, Reda l'embrassa.
Le bel homme avait toujours été fou amoureux de Cerise.
-Oui... enfin. Ça me fait tellement plaisir d'être ici, avec toi. Que nous deux.
-J'espère que les enfants vont bien.
-T'inquiète pas pour ça. Matthis a toujours été un enfant responsable.
-Bien sûr oui, mais de là à lui confier Kathleen pendant trois jours... Il vient à peine de grandir, ça me semble poussé. Je peux pas m'empêcher de m'inquiéter. Je me demande si on a fait le bon choix en les laissant seuls...
-Je veux pas t'entendre dire ça. Fais un effort s'il te plaît. Il ne leur arrivera rien. On a même prévenu les voisins, je te rappelle.
-Oui mais...
-Ça te dit une petite baignade ?
Cerise soupira.
-Si tu veux , répondit-elle finalement.
-Qu'est-ce que t'attends ? Allez, viens...
-Tu deviens fou ? T'as vu comme l'eau est froide ? En plus j'ai oublié de m'épiler avant de partir...
-On s'en fout, il y a personne !
-Tss... Je te jure... J'ai pris au moins dix kilos depuis que j'ai grandi. J'essaie juste de faire en sorte que les gens ne remarquent pas.
-Si tu fais pas de sport, tu risques pas de les perdre, tes dix kilos de trop.
-Oui, bah, je ferai du sport quand j'aurai des jambes épilées !
-Arrête tes gamineries, on dirait ta mère.
-Je t'interdis de... ah !
Reda, qui était sorti de la rivière à l'insu de Cerise, toujours les yeux scotchés sur son bidon et ses jambes velues, venait de la pousser dans l'eau.
-Franchement, là, Reda, c'est toi qui exagères.
-Allez, détends-toi. Ah et en fait, t'avais raison, faut faire quelque chose sur tes jambes, là.
-Répète un peu pour voir ?!
S'ensuivit une superbe bataille d'eau. Le couple s'amusa encore et encore, jusqu'à la tombée de la nuit, heure à laquelle ils décidèrent de se reposer à leur hôtel.
-On a vraiment une chambre géniale. Tu trouves pas ?
-Si. Ta sœur a superbement choisi.
-Ça me fait penser, il faudrait que j'appelle la maison.
-Combien de fois je dois te le répéter ? Tout va bien se passer, il n'y a pas d'inquiétudes à avoir.
-T'as sûrement raison.
-Regarde cette étoile. C'est un message. Nos enfants vont bien.
-Je te crois.
-Tant que le ciel sera étoilé, cela voudra dire que tout se passe bien. Si le ciel est nuageux... Tu pourras appeler.
-Sérieusement ?
-Oui. Mais ne t'inquiète pas. Si les étoiles ne brillent pas énormément, et même si tu dois appeler, cela ne voudra pas dire que ça se passe mal.
-Bien sûr... Ça te dit d'aller au lit ? Je suis crevée.
-Pas de problèmes ma chérie.
Le lendemain matin, un soleil de plomb brillait.
Le couple était pourtant parvenu à dormir une grande partie de la matinée. Cerise avait évacué son stress, et Reda finissait sa nuit dans la voiture en direction de la cité interdite.
-Wouah... C'est, euh... grand.
-Tu l'as dit. On entre ?
-Hmm... Oui.
-Je suis pas rassurée... T'es sûr qu'on risque rien ?
-Meuuh non... Le seul truc qu'on risque, c'est de se perdre à l'intérieur. Il y a pas de momies ici, ni de pièges électriques. Tu as bien pris la tente, les douches en boîte et la nourriture déshydratée ?
Cerise se racla la gorge.
... non.... Me dis pas que...
-Désolée...
-Dépêche-toi, on sort !
Au moment où ils dirent volte-face pour atteindre la porte, celle-ci se ferma par un claquement assourdissant.
-Et bah bravo, Reda, je te félicite ! C'était quoi cette idée de marcher sur une dalle ?
-Oh, on se calme! Il y a pas de temps à perdre. On descend.
-Quoi ? Qu'est-ce que ça peut bien faire ? On est coincés ici jusqu'à demain matin. Merde quoi !
-Tu vas te calmer oui ? On n'a rien à perdre à descendre. Avec un peu de chances, on pourra débloquer la porte de là-bas et...
-Si tu veux. De toute façon, qu'on dorme en haut ou en bas, ça changera rien.
-Reda, je le sens pas...
-Va bien falloir, pourtant. On sait jamais ce qu'il peut y avoir derrière ce tas de cailloux...
-Attends, j'y vais !
-Euh... t'es sûre ?
Reda avait eu à peine le temps de l'en empêcher, que Cerise avait déjà sauté dans cette eau trouble.
Il ne put s'empêcher de retenir quelques larmes.
Nul ne savait ce qui pouvait se cacher dans cette source.
Cerise faisait tout son possible pour tenir sous l'eau. Elle commençait à manquer de souffle, lorsqu'elle aperçut une lueur.
-De la lumière ! pensa-t-elle.
Si j'arrive à nager un peu plus vite, j'ai peut-être une chance...
Lorsqu'elle émergea à la surface de l'eau, la belle crut qu'elle rêvait.
Tout cela lui paraissait impossible. Elle avait nagé de longues secondes dans cette eau, qui lui semblait vieille de plusieurs années.
-Reda, t'es là ? cria-t-elle, exténuée.
Il y eut un long silence.
Au bout de quelques longs instants, un bruit sourd se fit entendre :
-Cerise, je suis de l'autre côté du mur !
Elle soupira.
-Bon, va falloir que je fasse le chemin inverse...
Elle inspira, puis plongea.
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A l'intérieur du tunnel, il faisait noir. On n'y voyait pas plus loin que le bout de son nez. Cerise avançait à tâtons, cherchant sans cesse un mur qui pourrait servir de guide.
Soudain, elle aperçut une lueur en haut. Elle accéléra. Le souffle commençait à lui manquer sérieusement. Guidée par cette lumière, elle battait des pieds, sans s'arrêter.
Elle n'était plus qu'à quelques centimètres de la surface lorsqu'elle sentit que son corps la lâchait.
Elle perdait le contrôle de ses bras et de ses jambes.
-Je suis perdue... pensa-t-elle.
Soudain, une main l'accrocha.
Elle la remonta vers la surface. Doucement, mais sûrement.
Cette main, c'était celle de Reda.
Il parvint à faire sortir Cerise de l'eau. Il appliqua les leçons de secourisme qui lui avaient été enseignées au lycée.
- Ça doit être le seul cours que j'ai vraiment écouté, pensa-t-il.
Au bout de quelques minutes, Cerise reprit connaissance.
-Reda, mon amour... J'ai vraiment cru que... c'était la fin.
-Tu croyais vraiment que j'allais t'abandonner comme ça ? J'avais la tête au-dessus de l'eau pendant tout le temps que tu étais dans ce truc. C'est moi qui aurais du y aller, pas toi. D'ailleurs, qu'est-ce qui t'a pris de plonger là-dedans ?
-Je sais pas. L'aventure, sans doute.
-Bon, tu me refais jamais ça hein ?
-Bien sûr que non, voyons. On continue ?
-Si tu veux.
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De retour à l'hôtel...
-J'ai passé une journée merveilleuse, mon cœur.
-Moi aussi. Mais... tu m'as vraiment fait peur, tu sais.
-Oui, je suis vraiment désolée mon chou... Merci de m'avoir sauvé la vie.
-Je pouvais pas me permettre de faire autrement.
-Attends...
-Je t'aime mon Reda. Et j'ai pas envie de partir d'ici demain matin. C'est tellement... beau.
-C'est toi qui dis ça ? Je croyais que t'avais hâte de retrouver les enfants.
-Ah si, bien sûr mais... voilà. C'est passé trop vite à mon goût.
Et le lendemain matin...
-Bon... On y va ?
-Faut bien. Au revoir la Chine... On reviendra.
Le couple grimpa alors dans la voiture, direction le chemin du retour, direction Starlight Shores.
Fin de l'épisode 52.
Episode 53.